St François
« Tous les saints sont suscités par Dieu pour le bien de l’Eglise. Cependant, il en est parmi eux qui ont un charisme, une mission spéciale.
François fut l’un de ces êtres exceptionnels, providentiels. Charisme, mission qu’on ne s’arroge pas, mais qui sont donnés par Dieu pour l’édification du Corps du Christ. Ce serait donc peu sage de les ignorer ou de les minimiser.
François a été voulu de Dieu pour rallumer dans l’Eglise la lumière de la foi et le feu de l’amour pour le Divin Sauveur, dans la fraîcheur et la vigueur des Premiers Chrétiens.
Son charisme : devenir aussi parfaitement que possible un autre « Christ », vivant reflet de la vie du Christ, de sa présence, de son amour. Solidement établi sur le Roc — la Foi de Pierre, il réussit, docile à l’Esprit, à purifier et à libérer son cœur, à le dilater aux dimensions illimitées de la Charité du Christ — par son intransigeante adhésion à « Dame Pauvreté » (pauvreté au sens fort qui est dépouillement, humilité, simplicité), grâce reçue sans doute à Rome…
Il s’est attaché passionnément à Jésus, uniquement préoccupé de marcher sur ses traces. Peut-être serait-ce plus juste de dire : c’est le Christ même qui se l’est attaché par la force brûlante de sa charité ; à tel point que Jésus et François ne seront plus qu’une seule chose aimante, souffrante, rédemptrice . »
(Circulaire 1946)
« Pourquoi se mettre en cordée avec le Saint d’Assise ? Pourquoi s’atteler à un Saint du Moyen Âge ?
Justement parce que nous voulons découvrir, fréquenter, aimer le Christ, nous identifier à Lui, être ses témoins, Le rayonner pour que le nouveau monde soit un monde réel et heureux, justement pour cette raison là nous allons vers François d’Assise : c’est ce qu’il est, lui – le Poverello ; l’Homme évangélique et comme un « autre Christ ».
Et c’est ainsi que « cet homme est donné d’en-haut pour le bien de son époque si troublée et plus encore, nous dit Pie XI (dans son Encyclique), pour l’amendement de la société chrétienne de tous les siècles ; et (c’est pour cela) l’Action Catholique l’a reçu de notre prédécesseur immédiat comme céleste protecteur. »
(Circulaire 1946)
« Pour aimer, il faut le coup de foudre… François a eu ce coup de foudre. Il s’est, comme Paul, passionné pour le Seigneur, à tel point qu’il osa lui demander de lui faire ressentir un peu l’amour qui brûlait son cœur lors de la Passion pour nous. Ce fut autour de la fête de l’Exaltation de la Croix. Le Christ écoute son amant passionné : le miracle de la stigmatisation eut lieu – sceau divin de sa parfaite ressemblance au Sauveur… Miracle jusque-là inconnu dans l’Eglise et qui jeta le Peuple de Dieu dans une sainte stupeur, et ralluma dans bien des cœurs l’amour du Divin Rédempteur.
Demandons à François d’être à notre tour, empoignés, enflammés de Jésus. Soyons décidés de nous attacher à Lui, de tout notre cœur. Croyons en cet Amour unique et ineffable. Veillons, forts de la Foi de Pierre et de toute l’Eglise, à être de ces Petits, de ces Pauvres dont nous parle l’Evangile ; petits qui s’évertuent à marcher avec simplicité dans les pas du Céleste Guide à qui la Divine Providence nous a confiés. Là sera notre force, son secret. Laissons-nous guider par le Dieu d’amour avec la confiance des petits. Alors, du plus profond de notre âme jaillira quelque chose du Cantique de François… ».
(Circulaire 1946)
« L’Evangile était en perdition. François de gémir : Le Christ n’est plus connu, n’est plus aimé. Au détriment des hommes et de la vie d’ici-bas comme de l’autre. L’Evangile était en perdition à cause de l’oubli de son mandement de pauvreté, de simplicité, de détachement. Car en effet l’Evangile réclame des âmes disposées : droites, franches cherchant le vrai, des âmes pures, des âmes vidées ou mieux, qui se vident de l’attachement aux biens de cette terre et par conséquent aussi aux plaisirs, aux aises. L’Evangile, pour être vraiment la Bonne Nouvelle — en d’autres mots — pour trouver Jésus qui est Toute Grâce, Vie, Joie, Richesse, il faut devenir pauvre, et tout ce qui s’ensuit… humble, simple, renoncé. Le porteur d’or est alourdi, l’ami de l’argent et de la richesse d’ici-bas est incapable de monter jusqu’au Christ. Mais celui qui n’a rien, qui ne possède rien, qui n’est attaché à rien est prêt pour les divines ascensions, les divins embrassements.
François a compris la suavité céleste de l’esprit de pauvreté, cette nudité simple et enfantine de l’âme à laquelle ne collent plus les désirs toujours inassouvis de l’argent, des délices de la richesse.
…Si le Christ n’est pas aimé, le prochain ne le sera pas non plus vraiment. Aussi le temps de François est un temps de haines sociales, de férocité, de passions sans fin au détriment de la justice, de la charité, de la vraie joie de vivre.
Car aucun esprit de charité sans esprit de pauvreté! Le génie de François avait été d’en voir l’évidence.
L’amour de la richesse est à la base de tous les péchés. Le détachement complet nous rendrait comme des anges: doux, simples, bons, contents d’un rien. Prêts à partager même le nécessaire. Sans noirs soucis. Quelle joie régnerait si le mal disparaissait. Dieu alors serait vraiment Dieu pour nous : le Dieu vivant et vrai. Le prochain serait pour nous le Frère. Et alors la vérité, la grâce, la vie qu’est l’Evangile sauterait aux yeux. Et alors témoignage serait rendu au Christ, non pas tant en paroles, mais par la vérité et la vie. Voilà la grande preuve tangible, palpable de la divinité du Christianisme : une Vie Vraie, une Vie vraiment pleine et féconde grâce à la pauvreté. Tandis que pour le riche selon l’Evangile, le vrai Dieu c’est son argent, ses plaisirs, sa fausse et apparente grandeur, son égoïsme.
François d’Assise a eu la sagesse des tout petits : il devint le « Poverello ».
Et ses Frères furent des Mineurs ; ses Filles du second Ordre — des Pauvres Dames. Et par une inspiration divine il a suscité une armée de chrétiens vivants qui allaient pénétrer intimement dans l’âme de la société, « comme l’huile pénètre à fond dans le marbre le plus dur et l’imprègne de son parfum. Ils allaient vêtus comme les séculiers de leur temps, fondaient des familles nombreuses, se montraient au comptoir des marchands, à la boutique de l’artisan, dans les chaires des Universités, à la barre des tribunaux, sur les champs de bataille, sur les trônes des rois, accomplissant partout les devoirs de leur condition et de leur charge. » (Pie XII, Allocution du 20/09/45)
Ces Fils et Filles de St François dans le monde aspiraient d’un seul cœur et d’une seule âme à observer l’Evangile comme l’enseignait St François…
La société allait ainsi redevenir chrétienne. Le Christ était de nouveau connu et aimé.
Il fut de nouveau la Richesse, la Joie, la Vie des Chrétiens . Le Christ Lui-même et le Christ dans nos frères ! Toute l’Eglise respirait l’air pur de l’âpre régime franciscain.
Bien aimés Frères et Sœurs, notre méditation sur François le Poverello s’est allongée. Que voulez-vous, le sujet est d’une importance brûlante et décisive dans la vie du Saint et dans sa vocation de restaurateur de la société chrétienne.
Cette Pauvreté évangélique doit prendre la même place en votre vie et tenir le même rôle en votre vocation d’ouvrier des temps nouveaux.
C’est qu’il faut en notre temps où l’argent, le désir de richesse, de plaisir et l’égoïsme dominent, le continuel exemple de la pauvreté chrétienne qui s’accompagne d’humilité, de fidélité à la prière, d’amour du travail, de sainte joie spirituelle. « Vous êtes la lumière du monde, le sel de la terre ». Sans nul doute, pour relever notre pays, toutes les forces vives de l’Eglise catholique sont nécessaires, mais parmi ces forces, l’Eglise elle-même compte tout particulièrement sur l’esprit de St François d’Assise, esprit de détachement des biens terrestres . Esprit qui est un défi au monde. Voilà pourquoi les Papes contemporains, depuis Léon XIII jusqu’à Pie XII, ont exalté et recommandé à tous l’esprit franciscain.
De lui ils attendent principalement le renouveau spirituel et la paix du monde. »
(Circulaire 1946)
Florilèges de prières de saint François
(à travers les films du père Marie-Joseph)
Durée : 29 min 44 »